La popularité de l’investissement environnemental, social et de gouvernance a provoqué une levée de boucliers au cours de l’année dernière, ce qui amène certains à se demander quel sera l’impact sur le mouvement.
Ron DeSantis, le gouverneur conservateur de Floride qui prépare sa candidature à l’élection présidentielle, mène la charge contre l’ESG aux États-Unis. Il est à la tête d’une alliance de 18 gouverneurs républicains déterminés à éradiquer les investissements ESG « woke » des fonds de pension des États et ailleurs aux niveaux local et régional.
Pendant ce temps, à Washington, le Sénat a annulé une règle fédérale qui permettait aux régimes de retraite de prendre en compte les facteurs ESG lors du choix des investissements. Le président Joe Biden a exercé le premier veto de sa présidence pour bloquer cette résolution.
Les politiciens de droite à l’origine de ces efforts soutiennent que les systèmes de retraite publics et autres fonds d’investissement publics devraient se concentrer uniquement sur la maximisation des rendements, et non sur la réalisation d’objectifs ESG.
L’une de leurs principales cibles a été Laurence Fink, PDG de Blackrock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde. Ces dernières années, M. Fink a fait de l’ESG un point central de ses lettres annuelles aux investisseurs, s’attirant ainsi les attaques des militants anti-ESG et amenant les gouvernements des États à retirer environ 4 milliards de dollars des investissements de Blackrock.
En Europe, les questions relatives à l’ESG proviennent principalement de l’autre extrémité du spectre politique. Le soutien à l’investissement socialement responsable y reste fort, mais les régulateurs et les activistes de l’UE ont tiré la sonnette d’alarme face aux inquiétudes concernant l’écoblanchiment des fonds d’investissement ou les déclarations exagérées sur l’écologie pour attirer les fonds ESG.
Malgré ces controverses, les investissements ESG continuent de croître dans le monde entier. PwC estime que les actifs sous gestion liés à l’ESG atteindront près de 34 000 milliards de dollars US d’ici 2026, contre 18 400 milliards de dollars US en 2021.
Dans nos portefeuilles, les fonds ESG ont sous-performé ceux qui suivaient les indices de marchés l’année dernière en raison d’une forte performance des compagnies pétrolières et gazières, qui sont sous-pondérées dans les fonds ESG.
L’effet a été particulièrement prononcé sur le marché canadien, très énergivore, où l’iShares ESG Advanced MSCI Canada ETF a enregistré une performance de -14,3 % l’année dernière, contre -5,9 % pour l’iShares Core S&P/TSX Capped Composite ETF. Sur le marché boursier américain, l’ESG a pesé entre 2 % et 5 % en 2022, selon la méthodologie de l’indice ESG.
En ce qui concerne les actions mondiales, la tendance à privilégier les actions de valeur dans le fonds ESG que nous utilisons – le Dimensional Fund Advisors Global Sustainability ETF – a compensé la sous-performance de l’ESG dans les indices de marché plus larges.
Il est important de rappeler que si la sous-pondération du pétrole et du gaz a nui à la performance des fonds ESG en 2022, elle a été bénéfique les deux années précédentes, lorsque le prix du pétrole était en baisse.
En définitive, les investisseurs ESG doivent s’attendre à ce que la volatilité et les périodes de surperformance et de sous-performance se poursuivent à mesure que le monde évolue vers des émissions nettes nulles. La plupart des investisseurs ESG acceptent les divergences par rapport aux indices boursiers plus larges comme le prix à payer pour soutenir l’environnement et la responsabilité sociale.
Dans le même temps, nous applaudissons les mesures prises par les régulateurs en Europe et ailleurs pour décourager l’écoblanchiment et veiller à ce que les fonds ESG investissent d’une manière qui encourage les entreprises à opérer de véritables changements.
À cet égard, je me souviens de l’excellente conversation que j’ai eue avec Alyson Slater, récemment nommée au Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité. Alyson a souligné l’importance des travaux actuellement en cours pour élaborer des définitions mondiales communes, des normes de déclaration des entreprises et des mesures pour la divulgation d’informations sur le développement durable.
Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la cohérence de la mesure et de la divulgation des paramètres ESG parmi les entreprises cotées en bourse, mais l’investissement ESG n’est pas la force maléfique que certains politiciens et acteurs du marché font passer pour telle.
Source : Morningstar Direct