La semaine dernière, la CBC a publié un article inquiétant au sujet des transactions à haute fréquence (THF). L’article suggère que les THF causent de sérieux dommages aux investisseurs. J’aimerais discuter brièvement de cette situation.
Que sont les THF?
Largement définies, les THF sont l’usage d’un avantage technologique pour exécuter les transactions à meilleur prix. Le type particulier de THF qui est souvent décrié est le front running. Un peu d’histoire nous éclairera.
Dans le bon vieux temps, lorsqu’un investisseur voulait acheter ou vendre une action canadienne, il envoyait son ordre à la Bourse de Toronto (maintenant appelée TSX), l’ordre était ensuite exécuté et l’histoire s’arrêtait ici. Mais aujourd’hui, les marché financiers mondiaux ont été dérèglementés, ce qui a permis l’émergence d’une légion de Bourses électroniques alternatives qui font concurrence au TSX. Par conséquent, notre même investisseur qui veut acheter un bloc d’actions magasinera entre plusieurs Bourses pour obtenir le meilleur prix. Les front runners utilisent des ordinateurs et des systèmes de télécommunication ultra-rapides pour obtenir des informations à propos des ordres et pour éxécuter ces ordres au-devant des investisseurs dans l’espoir de leur revendre les mêmes titres à un prix supérieur.
Un front runner effectue des milliers d’opérations de ce genre à chaque mois, réalisant de petits profits à chaque fois. Si tout se passe bien, la somme de ces petits profits constituera un grand profit à la fin du mois. Ce grand nombre de petits profits est extrait des poches d’investisseurs à leur insu.
Le marché est truqué, vraiment?
L’article de la CBC affirme que le marché est truqué. Cette affirmation provient en fait de Michael Lewis, un auteur à succès qui a fait fortune en écrivant la chronique de Wall Street. Soyons clair : il est dans l’intérêt de Michael Lewis de créer de bonnes histoires pour vendre beaucoup de livres. Selon mon expérience, ce qu’il écrit contient beaucoup de vérité, mais aussi un certain élément de drame, ce qui explique l’éclatant succès de ses livres.
Le front running est un mal. Le simple fait que certains arbitrageurs puissent réaliser un profit grâce à des informations à propos de transactions en cours d’exécution est inapproprié et soulève des questions légitimes sur l’intégrité des marchés. Mais il est toutefois important de placer ces profits en perspective. Dans l’ensemble, je n’ai pas encore été témoin de preuves que ces opérations causaient suffisamment de dommage aux investisseurs pour affecter leurs rendements de façon importante.
Il faut aussi comprendre comment ces profits sont réalisés. Les traders à haute fréquence font habituellement de tout petits profits sur de très nombreuses transactions. Les investisseurs lésés sont ceux : a) qui transigent très activement et donc, encourent des petites pertes en grand nombre et b) qui ne portent pas suffisamment d’attention aux frais de transaction et n’adaptent pas leurs stratégies afin de repousser les attaques des front runners.
Les clients de PWL sont-ils menacés par les THF?
La réponse courte est non. La méthode PWL est l’investissement fondé sur le marché (plutôt que sur les prédictions). PWL cherche à capturer les primes de risque offertes par le marché plutôt que de deviner quel sera le prochain titre ou secteur gagnant. Les FNB et les fonds DFA, qui constituent la majeure partie des portefeuilles de nos clients, maintiennent des portefeuilles dont les titres changent peu au fil du temps. Puisque les gestionnaires de portefeuille effectuent peu de transactions, le risque relié aux transactions à haute fréquence est essentiellement éliminé. De plus, les firmes de gestion de fonds et de FNB que PWL engage sont soucieuses d’avoir en place les meilleures technologies et méthodes d’opération pour fermer le porte aux arbitrageurs qui voudraient faire de l’argent aux dépens de nos clients.
Pour plus d’information à propos des transactions à haute fréquence, je vous invite à lire le blogue de mon confrère Jared Kizer, qui est le directeur de la stratégie de placement chez Buckingham Asset Management aux États-Unis.