La conférence des Nations Unies sur le climat à Glasgow a fait la une des journaux ces deux dernières semaines. Partout dans le monde, les gens espèrent de réels progrès dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Cependant, ces espoirs ont été tempérés ces dernières semaines par une crise énergétique qui perturbe les économies d’Europe et d’Asie. La crise soulève des questions sur la rapidité avec laquelle le monde peut s’éloigner des combustibles fossiles et sur le rôle que les investissements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) joueront dans cette transition.
La réouverture des économies a entraîné de graves pénuries d’énergie, notamment en Chine et en Europe, et a fait monter en flèche les prix du pétrole, du gaz et du charbon. Alors que la plupart des observateurs attribuent la crise énergétique aux bas prix des matières premières et aux investissements déprimés datant d’avant la pandémie, certains se concentrent également sur la popularité des investissements ESG comme un autre coupable.
Certes, l’accélération des investissements ESG dans le monde a été difficile à manquer. Ce mois-ci, les six plus grandes banques du Canada ont rejoint la Net-Zero Banking Alliance de l’ONU, dirigée par l’ancien banquier central Mark Carney. Il engage les banques à détourner leurs prêts des projets et activités générant des émissions de gaz à effet de serre.
La Caisse de dépôt et placement, le gestionnaire de fonds de pension publics du Québec avec 390 milliards de dollars d’actifs, s’est également joint à d’autres grands investisseurs institutionnels en promettant de vendre ses actifs liés à la production de pétrole restants.
Pendant ce temps, les particuliers ont été des acheteurs enthousiastes d’investissements écologiquement et socialement responsables. Les fonds ESG, qui évitent souvent les investissements dans les combustibles fossiles, détenaient un record de 2,3 billions de dollars d’actifs mondiaux au deuxième trimestre de cette année.
Les fonds ESG cherchent à choisir des investissements alignés sur les valeurs environnementales et sociales des investisseurs. Ils privilégient les entreprises qu’ils jugent progressistes pour encourager leurs pratiques commerciales et parce qu’elles seront mieux préparées à relever les défis futurs.
D’un autre côté, les fonds ESG filtrent souvent les entreprises qui sont perçues comme nuisibles ou non durables dans un monde où, par exemple, les émissions de gaz à effet de serre doivent être rapidement réduites.
Le désinvestissement de tout cet argent des sociétés énergétiques a pour effet d’augmenter leur coût du capital, c’est-à-dire le montant qu’elles doivent payer aux investisseurs qui sont prêts à acheter leurs actions ou à leur prêter de l’argent. C’est un obstacle sérieux pour ces entreprises et cela a conduit bon nombre des plus grandes à augmenter leurs investissements dans les énergies renouvelables, une victoire pour les investisseurs ESG.
Cependant, un coût du capital plus élevé signifie également des rendements plus élevés pour les investisseurs dans les sociétés pétrolières et gazières. Ils sont également récompensés lorsque les prix élevés de l’énergie se traduisent par des bénéfices plus importants pour ces entreprises, comme nous l’avons vu au Canada cette année, le secteur de l’énergie surpassant l’indice composé S&P/TSX.1
Alors, que conclure de ces courants croisés ?
Premièrement, le monde est confronté à un défi monumental pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de l’ONU. Alors que l’investissement ESG aidera à long terme en encourageant l’énergie verte et en pénalisant les combustibles fossiles, la transition risque d’être désordonnée comme nous l’avons vu dans la crise énergétique actuelle.
Deuxièmement, exprimer vos valeurs à travers votre portefeuille peut signifier que vous sous-performerez un indice qui suit l’ensemble du marché de temps à autre. Après plusieurs années de surperformance au Canada, cela a conduit cette année à une légère sous-performance grâce aux solides rendements des actions énergétiques. Au 30 septembre, le FNB iShares ESG Advanced MSCI Canada a affiché un rendement de 15,9 %, contre 17,5 % pour le FNB iShares Core S&P/TSX Capped Composite.1
La plupart des investisseurs ESG sont préparés aux variations des indices de marché et ont décidé que c’était un prix qu’ils étaient prêts à payer pour aider à soutenir une économie mondiale plus durable.
1 Source : Morningstar