Les FNB provoqueront le prochain effondrement du marché! Vous avez entendu cela ici?
Certainement pas.
L’un des mythes les plus tenaces des placements passifs, c’est que les fonds négociés en bourse, ou FNB, et le recours aux indices provoquent des bulles du marché boursier. Le raisonnement est simpliste : comme les fonds indiciels doivent acheter des titres de toutes les sociétés sur le marché boursier, elles doivent acheter aveuglément des actions dont le cours a augmenté, n’est-ce pas? Et cela aggrave les bulles du marché boursier, pas vrai?
Examinons d’un peu plus près cette logique afin de percer la bulle de ce mythe, justement.
Un article très bien écrit et paru récemment dans The Economist déboulonne ce mythe courant.
Le mythe, c’est que les investisseurs qui privilégient les indices aggravent les bulles, parce que les indices doivent acheter aveuglément des actions dont le cours a monté. Ces achats auraient pour effet d’exacerber la hausse du cours de ces actions, qui augmentent donc encore plus.
Comment fonctionnent les fonds indiciels?
Pour déboulonner ce mythe, il faut comprendre comment fonctionnent les fonds indiciels. Regardons un fonds indiciel S&P500. En gros, ce fonds détient les 500 actions les plus importantes sur le marché des États-Unis. Un fonds comme celui-là possède chacune de ces 500 actions de manière proportionnelle par rapport aux autres.
Mettons qu’au début de l’année, un fonds S&P500 détient 100 actions d’Apple qui valent environ 20 000 $ et 100 actions de GE, d’une valeur de quelque 1 200 $. La valeur des actions d’Apple dans le portefeuille est environ 17 fois plus élevée que celle des actions de GE. Pendant l’année, le cours du titre d’Apple augmente de 10 %, tandis que celui de l’action de GE reste inchangé. À la fin de l’année, les 100 actions d’Apple valent environ 22 000 $, tandis que les 100 actions de GE valent toujours 1 200 $. Les actions d’Apple ont maintenant une valeur 18 fois plus élevée que celle des actions de GE.
Sans que de nouvelles actions d’Apple aient été achetées, la valeur des titres d’Apple proportionnellement aux autres actions du portefeuille a augmenté. La hausse du cours de ces actions a pour effet d’accroître la proportion de ce titre dans l’indice, sans achat additionnel.
Voyons maintenant un autre scénario. Lorsqu’un investisseur passe d’un gestionnaire actif à un fonds indiciel, sans doute parce que le gestionnaire actif n’a pas réussi à battre l’indice, l’investisseur se trouve à vendre un sous-ensemble d’actions dont le rendement a été inférieur à celui du marché. En achetant le fonds indiciel, il achète une petite portion de chaque action sur le marché. Autrement dit, l’investisseur déplace de l’argent vers des actions dont le rendement est meilleur. Si on présente la situation de cette manière, on dirait que le recours aux indices encourage la formation de bulles.
Les gestionnaires actif et les bulles du marché boursier
Mais qu’arriverait-il si les fonds indiciels n’existaient pas. Au lieu de déplacer l’argent dans un fonds indiciel, l’investisseur choisirait un autre gestionnaire actif, ayant vraisemblablement battu le marché dans les dernières années. Cela reviendrait à déplacer l’argent non pas vers toutes les actions du marché, mais vers un sous-ensemble d’actions dont le rendement est supérieur. Cela encouragerait la formation d’une bulle encore plus qu’un déplacement vers un fonds indiciel.
Tout cela est lié à une compréhension fondamentale de ce qu’on appelle l’arithmétique de la gestion active, concept élaboré par le lauréat d’un prix Nobel dans les années 1960, William Sharpe. Je reviendrai sur ce sujet dans ma prochaine vidéo, où je déboulonnerai un autre mythe couramment utilisé pour attaquer les placements passifs.
Croyez-vous que le recours aux indices crée des bulles du marché? Répondez-moi dans les commentaires ci-dessous.