Le mythe : tout le monde se précipite vers les FNB, ce qui rend les marchés moins efficaces.
L’argument : Plus de gens investissent en ayant recours à des indices et aux fonds négociés en bourse (FNB), moins il y a de personnes qui étudient les fondamentaux des valeurs boursières pour déterminer si les actions prises individuellement sont chères ou bon marché. Ça devrait faciliter la sélection des actions, n’est-ce pas?
C’est une idée qui retient l’attention et qui semble raisonnable, sauf qu’elle est complètement erronée!
Dans une vidéo antérieure, j’ai expliqué qu’il y a plus d’analystes que jamais qui suivent un nombre d’actions plus bas que jamais, et c’est mon premier argument pour démolir ce mythe. J’aimerais cependant approfondir le sujet un peu plus.
Pour comprendre pleinement pourquoi ce mythe ne tient pas la route, il faut se pencher sur ce qu’on appelle l’arithmétique de la gestion active1. Ce concept a été décrit par William Sharpe dans les années 1960 et il lui a valu un prix Nobel.
William Sharpe a énoncé deux vérités fondamentales au sujet des placements et des marchés :
- avant les coûts, le rendement sur le dollar moyen géré activement est égal au rendement sur le dollar moyen géré passivement, et
- après les coûts, le rendement sur le dollar moyen géré activement est inférieur au rendement sur le dollar moyen géré passivement.
Le premier énoncé affirme essentiellement que pour chaque gagnant sur le marché boursier, il doit y avoir un perdant équivalent. Comme les investisseurs qui ont recours aux indices obtiennent, par définition, le rendement du marché, cela signifie que pour chaque gestionnaire actif gagnant, il doit y avoir un gestionnaire actif perdant.
Le rendement de tous les fonds actifs pris ensemble est équivalent au rendement des fonds passifs. Comme les fonds actifs facturent des frais plus élevés, ils doivent, si on les prend tous ensemble, avoir en moyenne un rendement inférieur à celui des fonds passifs.
Les chiffres ne mentent pas
Pour le confirmer, il suffit de consulter le rapport annuel de Standard and Poors sur les placements actifs et passifs2. Ce rapport montre que la grande majorité des fonds actifs ont un rendement inférieur aux fonds passifs équivalents au fil du temps.
Qu’est-ce que ça signifie pour le mythe que nous tentons de défaire? Plus il y a d’investisseurs qui adoptent les placements passifs, moins il y a d’investisseurs actifs sur le marché. Mais quel est le côté qui devient plus petit selon vous? Est-ce que ce sont les gestionnaires actifs gagnants ou les gestionnaires actifs perdants qui passent aux fonds indiciels?
Logiquement, ce sont les investisseurs qui n’ont pas battu le marché, soit par malchance ou à cause de frais élevés, qui décident d’avoir recours aux indices pour investir. Cela veut dire qu’il reste plus de gestionnaires actifs gagnants pour affronter le marché. Cela rehausse aussi la moyenne. Le marché devient ainsi plus efficace, pas moins.
J’espère que cette vidéo vous a fait voir l’évolution du marché sous un autre jour et qu’elle vous a permis de mieux comprendre l’impact sur le marché du recours aux indices pour investir. Comme toujours, je suis ravi de connaître vos idées, alors n’hésitez pas à me laisser un commentaire.
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1 https://web.stanford.edu/~wfsharpe/art/active/active.htm
2 https://us.spindices.com/spiva/#/